Messagepar TLN 23 » 22 Fév 2013, 20:39
Bonsoir,
L'origine pour laquelle je tiens est ci-dessous.
Malgré plusieurs tentatives d'indépendance, et jusqu'en novembre 1929, la marine marchande dépend du ministère unique de la Marine; à partir de là, et jusqu'en 1958, elle forme un ministère à part.
En 1931 est construit à son profit l'immeuble de la place Fontenoy.
Après leur installation, les hauts fonctionnaires et surtout les administrateurs de l'Inscription maritime, par opposition avec leur nouvelle localisation, se mettent à qualifier leurs homologues de la marine de guerre de "gens de la rue Royale", puis par élision, des "gens de la Royale", en gardant l'initiale. Sans doute y mettent-ils une connotation ironique, voire malveillante.
Tout naturellement, par opposition à "la Marchande", aurait suivi pour la Marine nationale l'appellation de "la Royale", et par l'Inscription maritime, serait passé aux marins de la pêche et du commerce.
Si l'adresse du ministère avait été sur la place adjacente, la Marine serait-elle appelée " Concorde" voire "Concordia"? En 2017, sera-t-elle "la Balarde"?
Cette origine a été défendue par un amiral dans un Cols Bleus en noir et blanc, que je n'ai pas gardé, et j'y crois pour trois raisons :
- si c'était une rémanence de l'Ancien Régime, où, à la rigueur, de la monarchie de Juillet, dernière à avoir ce titre, comment cette apellation serait-elle passée inaperçue pendant un siècle? d'ailleurs, pourquoi la marine impériale, postèrieure, n'aurait-elle pas marquée le langage?
- je n'ai jamais entendu parler dans les carrés de "la Royale " pour qualifier la Marine nationale, si ce n'est par des réservistes, dont plusieurs sortaient des écoles de marine marchande, jamais par ceux venant de Navale;
- l'appellation apparaît peu avant la deuxième guerre mondiale; je la surveille depuis longtemps, mais comme c'est un terme familier, voire argotique, on le trouve peu par écrit.
La première trace que j'en ai est dans "La mer à boire" de Michel de Saint-Pierre, publié en 1951 : pendant l'été 1939, dans une discussion de poste d'équipage, où cohabitent des types : mocco, Noir, Parisien, Alsacien, et où les Bretons sont nombreux, un jeune aristocrate, fou de voyage et un peu paumé, dit (de mémoire)" il paraît que la Royale va compter son mazout et laisser à quai ses bateaux. Eh bien, je foutrai le camp dans la marchande!" Or l'auteur s'est engagé comme simple matelot en 1938, et son roman en est largement inspiré. L'expression se serait bien introduite par le lanage des matelots.
Expression ironique, je l'ai écrit plus haut, mais par un retournement de valeur comme l'évoque sulac, elle a pris dans le public un ton de grandeur et de nostalgie, et depuis vingt ans, on la trouve employée même par le CEMM.
D'accord avec sulac, en restant dans le langage militaire : vitrier, marsouin, gilet de basin, turco, sans parler de baille, piège ou bahut.
Cordialement, sinon royalement